Témoin de la Qualité : Henri NIGAY

bandeau-50temoins-henri-nigay.jpg
Vendredi 17 juin 2022

Henri NIGAY est Président et Directeur Technique de la Société Nigay et Président de l’AFQP AuRA. Il a accepté de répondre à nos questions sur la Qualité, sa vision, son expérience…

France Qualité : Quels sont pour vous les principales évolutions ou évènements qui ont marqué la Qualité et les démarches de progrès ces quinze dernières années ? 
Une énorme évolution : d’une Qualité orientée essentiellement vers la satisfaction du client, on est passés à la satisfaction de l’ensemble des parties prenantes de la société : clients, collaborateurs, actionnaires, fournisseurs, collectivités locales, associations locales ou distantes, caritatives ou culturelles… De la Qualité on est passé à l’Environnement et à la Sécurité des personnes et au management intégré QSE. Avec le Développement Durable, dans les années 2000 à 2010, le management QSE s’est élargi dans l’espace et dans le temps : on ne raisonne plus simplement au niveau local mais de plus en plus au niveau de la planète avec le réchauffement climatique et l’attention apportée sur ces problèmes par les sommets internationaux. Dans le temps : on raisonne plus dans la durée pour la pérennité de nos organisations et non pas dans une perspective de rentabilité à court terme. Au-delà du QSE, le management de la performance s’est enrichi de nombreuses nouvelles normes : énergie (ISO 50001), gestion des risques (ISO 31000), cybersécurité (ISO 27000), Qualité de Vie au Travail (BNQ 9700)… Si bien que nous avons considéré, dans les années 2003 à 2006, lors de l’opération collective « 21 pour durer » dans le département de la Loire, que le Développement Durable (DD) n’était pas une mode qui balayait les normes ISO 9000, 14000, OHSAS 18001, etc. mais plutôt le ciment des briques qualiticiennes dans ce que l’on a appelé la « maison du Développement Durable » que l’on construit brique après brique, en fonction des besoins de l’organisation et de ses parties prenantes. C’est un travail de longue haleine qui s’étale sur plusieurs dizaines d’années. De plus, l’arrivée de normes sur la Responsabilité Sociétale des Entreprises (SD 21000, puis ISO 26000) révolutionne la prise en compte de nombreuses demandes sociales et sociétales au niveau de l’éthique et du respect des droits humains. Les 17 ODD (Objectifs de Développement Durable) des Nations Unies donnent une dimension internationale à nos systèmes de management de la performance qui permettront, j’espère, de rendre plus « loyal » le commerce international. Enfin les référentiels d’excellence EFQM® tirent les entreprise vers le haut avec des pratiques complémentaires des normes ISO. Depuis quinze ans, la Qualité a beaucoup évolué vers ce qu’on appelle la « Qualité Chaude », c’est-à-dire vers l’humain : la bienveillance (notamment dans les audits), la reconnaissance, la responsabilisation, la participation aux choix stratégiques, le bon équilibre vie professionnelle / vie privée, la lutte contre les harcèlements de toute forme, l’épanouissement des personnes… Ceci n’empêche pas d’avoir un bon système de « Qualité Froide » avec les normes, les procédures, les mécaniques d’amélioration des processus, et tous les outils qui structurent et constituent le « squelette » du système Qualité.

Qu’est-ce qui a changé dans votre métier de qualiticien ces quinze dernières années ?
Je ne suis pas un qualiticien, je suis juste un militant de la Qualité.

Qu’évoque pour vous la Nouvelle Qualité, qui rappelons-le se veut globale, pragmatique, innovante et participative ?
C’est justement cet aspect global que je viens de décrire : la performance globale au service de toutes les parties prenantes de la Société : sociale, sociétale, environnementale, et bien sûr économique, car sans performance économique, pas de générosité possible au niveau social et sociétal et pas d’investissement possible dans l’environnement qui nécessite souvent de lourds investissements.

Comment voyez-vous la Qualité dans dix ans ? Quels rêves formulez-vous pour la Qualité ?
De continuer à évoluer dans ce sens « global » pour satisfaire de plus en plus de parties prenantes éloignées qui souffrent de la faim, de la guerre, du non-respect des droits humains, et elles sont nombreuses. Pour cela, il faudra que beaucoup de pays qui en sont éloignés pour le moment, s’accaparent les 17 ODD des Nations-Unies. Le commerce international devrait concourir à cette objectif via les exigences des donneurs d’ordre. En ce sens, la Nouvelle Qualité devra être innovante.

 

Témoignage extrait de la Revue Echanges n°50
Les revues sont désormais réservées aux adhérents du réseau France Qualité, rejoignez-nous !