Eva Rother, finaliste du Trophée Leader Qualité France

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Jeudi 05 décembre 2019

Eva ROTHER est Responsable de services techniques, en charge de la transition numérique, sur le site de FPT de Bourbon Lancy. 

Arrivée finaliste de la première édition du Trophée Leader Qualité France, au côté d'Eric Wolff de L'Oréal, elle est revenue sur son parcours et sa vision de la Qualité, lors de son discours à la Cérémonie officielle.
Voici ses propos…

" Je suis ingénieure en génie industriel de l’INSA de Lyon et depuis quelques mois, j’ai repris mes études, et suis doctorante sur la partie management et 4.0.
D’un point de vue expérience professionnelle, j’ai travaillé chez Faurecia pendant une dizaine d’années, dans l’opérationnel et la production, dans des usines en « Juste à temps » où l’excellence est toujours présente.
J’ai intégré en 2013 le groupe CNH Industrial, partie industrielle de Fiat. Sur le site FPT de Bourbon Lancy, on fabrique des gros moteurs d’environ 1,5 tonne, qui vont équiper camions, tracteurs, bateaux, groupes électrogènes, machines agricoles, engins BTP

J’ai classé mes réalisations en 3 grands thèmes : technique, académique et humain. 

Pour la partie technique : je suis née et ai grandi dans le lean ! J’ai aussi fait un focus sur le karakuri, qui est aujourd’hui une des grandes forces du Groupe. Cette méthode nous vient directement du Japon et est très difficile à implanter en France.
Ce sont des petits systèmes ingénieux qui n’utilisent pas d’énergie. A Bourbon Lancy, nous avons une très grosse faiblesse : le poids de nos pièces, qui font toutes plus d’une dizaine de kilos. C’était au départ plutôt à notre désavantage et aujourd’hui on a trouvé, grâce au karakuri, un moyen de faire de cette faiblesse une force : on utilise la gravité pour faire plein de choses, grâce au poids de nos pièces. Cela nécessite du temps et de la patience mais à la fin cela permet de très belles réalisations, d’un point de vue gain opérationnel sur les lignes. 

D’un point de vue académique, j’ai fait quelques publications. J’encadre deux jeunes étudiants en thèse à l’usine, ce qui nous permet d’avoir des belles réalisations appliquées, de participer à la recherche, d’échanger à l’international et d’amener de fortes valeurs ajoutées en interne, ainsi que sur la région car je fais beaucoup d’interventions et de conférences.

Enfin, la partie humaine est celle qui me tient le plus à cœur. À FPT, j’ai la chance de pouvoir concilier les deux. Nous un sommes un site de 1300 personnes dans une petite ville thermale, et notre entreprise fait beaucoup de choses, de l’humanitaire notamment : on a acheminé 3 tonnes de dons en Côte d’Ivoire cet été, en profitant de l’envoi de nos moteurs là-bas pour équiper des bus.

Au niveau scolaire, c’est très important de faire la promotion de l’industrie. On le fait beaucoup au niveau des écoles d’ingénieurs et des lycées et nous nous adressons aujourd’hui aux tout-petits. Car on travaille dans notre usine de père en fils, voire jusqu’à nos arrières grands-pères. On demande aux tout-petits d’imaginer l’usine de demain et on se rend compte que l’industrie n’est pas forcément connue, donc on essaie de leur en donner une belle image. 

Concernant l’artistique, on part du principe qu’il ne faut pas oublier d’où l’on vient car on existe depuis 1872, ça nous aide à aller de l’avant et à se construire. On a réalisé un petit film sur notre usine, qui s’est construite grâce à ses hommes, et à son fondateur, un homme visionnaire, qui nous permet aujourd’hui d’être un des leaders du marché du moteur industriel. On est parti du 1.0 et on s’apprête à intégrer le 4.0. Mais on a voulu le créer autour de ce qui a toujours fait notre force : l’Homme. On s’est démarqué de beaucoup d’autres entreprises car on ne s’est pas contenté de la technologie. Elle a été la base de notre réflexion, mais on s’est très vite dit que ce n’était pas avec des bribes de technologie que l’on arriverait à créer notre futur. On y a donc adjoint deux choses : la partie méthodologique (les processus et méthodes de travail de demain) et les Hommes. Les Hommes qui incluent la partie défis individuels, avec les ressources humaines de demain et les compétences individuelles qu’il faudra dans l'avenir, et la partie managériale. Tout ça nous a amenés à nous dire que l’on ne sait pas forcément quels seront nos métiers ou compétences de demain, mais que ce qui nous semble important c’est de nous y préparer. Et pour nous y préparer, c’est le management et c’est l’Homme.

Nous avons donc toute une démarche construite autour du 4.0, dont je suis initiatrice et sur laquelle travaille une équipe complète. C’est ce qui nous a valu la labellisation « Industrie du Futur » au mois de juin. On a été le premier site en Bourgogne-Franche-Comté à obtenir ce label."