GRAND ENTRETIEN : Fabrice Bonnifet, les 101 mots de la RSE

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Mardi 13 mai 2025

Fabrice Bonnifet est le Directeur Développement Durable & QSE (Qualité-Sécurité-Environnement) du Groupe Bouygues. Président du Collège des Directeurs du développement durable (C3D) et de GenAct, il est aussi Administrateur de The Shift Project, et élu comme Administrateur de France Qualité depuis l’Assemblée Générale du 7 mars dernier. Il est co-auteur avec Céline Puff du livre sur l'Entreprise Contributive, concilier monde des affaires et limites planétaires (Éditions Dunlot). 

Sa mission est d’animer et de coordonner la démarche durabilité du Groupe Bouygues : plan de transition climatique et biodiversité, achats responsables, conformité CSRD, Taxonomie, devoir de vigilance et droits humains, système de management QSE… Il assure également le dialogue avec les parties prenantes du Groupe. Enfin, il œuvre à l’avènement du modèle d’entreprise à visée régénérative.

Il s'est prêté au jeu des questions / réponses, sous la plume de Marie Cornet-Ashby, pour parler de son ouvrage « Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises … à l’usage de tous », Collectif sous la direction de Fabrice Bonnifet, Collège des Directeurs de Développement Durable, Collection 101 mots, éditeur Archibooks.

 

Pouvez-vous revenir sur la genèse de l’ouvrage « Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises … à l’usage de tous » dont vous êtes à l’origine ?

La responsabilité sociétale des entreprises a été définie officiellement grâce à la norme ISO 26000. Créée en 2010, elle devient alors un standard international destiné aux entreprises afin de contribuer au développement durable ! Grâce à 7 principes centraux (gouvernance de l’organisation, droits humains, relations et conditions de travail, environnement, loyauté des pratiques, questions relatives aux consommateurs, communautés et développement local) : les entreprises disposaient alors de leviers à activer pour mettre en place une approche RSE mesurable.

Depuis, au regard de l’évolution du monde, cette norme a montré ses limites.
Notre objectif à travers cet ouvrage était de repositionner la RSE au-delà des postures de conformité et de l’amélioration continue de pratiques obsolètes au regard de l’urgence écologique qui exige désormais de s’attaquer enfin à la reconfiguration des modèles d’affaires.

Avec ce fil conducteur, j’ai proposé à 101 experts de choisir un mot-clé et de s’exprimer librement en seulement 3 000 signes sur la nouvelle RSE.
La genèse de l’idée est née ainsi, le nom « responsabilité sociale des entreprises » provient de la traduction en français de l’anglais « corporate social responsability ».

 

Vous êtes médiatiquement et professionnellement une grande personnalité dans le domaine du Développement Durable. Quelles sont vos convictions en 2025 ?

Notre seul choix est de faire preuve de plus de discernement et de lucidité sur l’utilisation des ressources dont il faudra bien admettre un jour qu’elles sont finies ! C’est un défi philosophique et culturel que nous pourrons relever en adoptant des nouveaux récits.
La planète et l’intérêt général du vivant humain et non-humain pourront être préservés si, au sein des entreprises, la création de la valeur économique ne détruit plus la valeur écologique. Les limites planétaires ont été franchies. Les scientifiques sont unanimes : sans une approche plus circulaire et surtout plus raisonnée dans l’utilisation des communs, on se dirige vers un effondrement !
Nous, responsables RSE, prônons une économie du discernement à travers des raisons d’être dans les entreprises qui font émerger des solutions plus inclusives ! Nous devons sans délai reconfigurer les modèles économiques pour prendre en compte l’incapacité de la biosphère à soutenir une croissance infinie. L’économie du partage et de la fonctionnalité est une voie alternative soutenue par le C3D, GenAct et le Shift Project… mais le plus important est de tendre vers des modèles à visée régénérative, car faire mieux ne suffit plus, il faut faire bien et régénérer les conditions de toute forme de vie.
L’entreprise doit rendre des comptes à différentes parties prenantes avec plus de transparence. Elle est donc aussi en capacité d’évaluer (directive européenne CSRD…) ses impacts négatifs et positifs pour trouver des solutions avec ses partenaires pour établir des plans de transition crédibles.

 
Comment avez-vous choisi les 101 contributeurs de cet ouvrage ?

J’ai fait un mapping des thématiques à prendre en compte pour couvrir tous les leviers des modèles économiques à visée régénérative. L’approche est systémique avec l’objectif de décarboner en préservant le vivant, les ressources !
L’ouvrage est donc constitué de 101 textes distincts rédigés par autant de personnalités qualifiées. Chaque auteur s’est exprimé d’une manière totalement librement sur le fond et la forme : des fables, des textes, etc.
L’esprit de la collection, c’est d’enchanter le lecteur, et il ne s’agit pas d’un livre technique, mais plus d’un essai.
Cet ouvrage de vulgarisation est destiné au grand public des actifs, et dans l’absolu tout le monde devrait le lire, car c’est un ouvrage humaniste !


La trajectoire impulsée par les auteurs est-elle réaliste ?

Il n’y a pas de planète B. À partir de ce constat, on sait où il faut aller et le chemin pour y parvenir, malheureusement certains humains ne comprennent pas la fragilité du vivant et sa valeur dans nos vies et nos conditions de vie futures…
Nous sommes dans une période où il va falloir résister à l’obscurantisme, c’est un enjeu de dignité et de solidarité. Et faire aussi de la pédagogie en utilisant le registre de l’émotion, d’où l’importance de solliciter des artistes, des poètes, des écrivains…


Votre livre « Les 101 mots de la responsabilité sociale des entreprises » est un véritable succès…

Oui, l’ouvrage est une réussite et l’éditeur est ravi. Il a été le plus vendu lors du salon Produrable.

 

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À PROPOS DE L’OUVRAGE

Présentation d’un abécédaire de la responsabilité sociale des entreprises co-rédigé par 101 experts parmi les plus reconnus en France, sous la direction de Fabrice Bonnifet, président du C3D. Sans chiffre, schéma ou graphique ; juste avec les mots de celles et ceux qui œuvrent à rendre la RSE opérationnelle. Acteurs majeurs, maîtres d'œuvre et d'ouvrages, opérationnels et consultants ont été pressentis pour créer un collectif éclectique qui mettra la RSE à la portée de tous. 
Les 101 mots de la Responsabilité Sociale des Entreprises est un ouvrage majeur destiné à démystifier les idées fausses et à clarifier les concepts.
Sources : Éditions Archibooks