Témoin de la Qualité : Philippe VASSEUR

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Lundi 11 juillet 2022

Philippe VASSEUR est Président de la Communauté rev3. Il a accepté de répondre à nos questions sur la Qualité, sa vision, son expérience…

France Qualité : Quels sont pour vous les principales évolutions ou évènements qui ont marqué la Qualité et les démarches de progrès ces quinze dernières années ? 
Au fil du temps, notamment sur les quinze dernières années, on s’est rendu compte que la gestion et le développement des entreprises ne pouvaient plus reposer sur les seuls critères de l’efficacité productive et du rendement financier. D’autres critères s’imposent que l’on peut résumer sous l’intitulé de « Qualité » et qui, au-delà de la qualité des produits stricto sensu, renvoient à des produits et des processus de production meilleurs pour l’environnement et la santé des populations, des conditions de travail plus satisfaisantes, une participation améliorée des salariés à la vie de l’entreprise, etc. Le monde de l’entreprise n’est pas seul concerné et, par exemple, les collectivités territoriales ont aussi cherché à intégrer ces démarches de qualité.
Une dynamique telle que rev3 - le schéma de développement territorial mis en œuvre en Hauts-de-France depuis 2013 - cherche à insuffler de nouvelles approches où la qualité dominerait. On retrouve cela notamment dans le développement des nouveaux modèles économiques (économie circulaire, économie de la fonctionnalité, économie de la coopération…).
Pour autant, des progrès restent à faire. Les anciennes logiques restent bien souvent à l’œuvre. Des tendances, négatives celles-là, continuent d’agir, voire se renforcent : la recherche de la profitabilité à tout crin, le primat du financier, le court-termisme… Il y a un véritable combat à mener dans lequel la « performance globale », et en son sein la qualité, doit jouer un rôle essentiel et, espérons-le, doit l’emporter.

Qu’évoque pour vous la Nouvelle Qualité, qui rappelons-le se veut globale, pragmatique, innovante et participative ? 
Le rapprochement est tentant entre cette conception de la Nouvelle Qualité et la dynamique mise en œuvre en région Hauts-de-France : rev3 - Troisième révolution industrielle. En effet, il est possible de décliner les différentes caractéristiques que vous évoquez avec l’exemple de rev3.
Comme la « Nouvelle Qualité », l’approche rev3 se veut aussi « globale » : elle concerne à la fois la transition énergétique, les nouveaux modèles économiques, la mutation numérique…
Comme la « Nouvelle Qualité », rev3 se veut pragmatique : dès le départ, l’accent a été mis sur l’opérationnalisation. Il s’est agi de susciter le maximum d’initiatives des acteurs régionaux sur des thématiques telles que les énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, l’économie circulaire, la bioéconomie…
Comme la « Nouvelle Qualité », rev3 se veut innovante. L’un de ses objectifs majeurs est de trouver de nouvelles solutions pour faire face aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, précisant bien que si les innovations sont technologiques, elles doivent aussi être « sociétales » : faire évoluer les comportements, faire évoluer les organisations, faire évoluer l’action publique…
Enfin, comme la « Nouvelle Qualité », rev3 se veut participative : elle cherche à mobiliser tous les acteurs, notamment les trois grandes catégories que sont les entreprises (grandes, PME, start-ups…), les collectivités territoriales et autres structures publiques et parapubliques, le milieu de la formation et de la recherche. Au-delà, elle concerne l’ensemble de la population régionale. 

Comment voyez-vous la Qualité dans dix ans ? Quels rêves formulez-vous pour la Qualité ?
En premier lieu, on peut souhaiter que la conception prévalant avec la Nouvelle Qualité (globale, innovante, pragmatique, participative) devienne la référence. Cela, à l’évidence, est à préférer plutôt qu’une qualité rabaissée au rang de supplétif de la compétitivité-coût.
Dès lors, il est à espérer qu’une telle approche domine largement dans les comportements, les stratégies, les modes de développement des organisations économiques, notamment les entreprises.
Enfin, on peut émettre le vœu que ce qui est vrai à l’échelon « micro » le soit aussi à l’échelon « macro » et, par conséquent, que les grands enjeux qui concernent le monde (dérèglement climatique, érosion de la biodiversité, mutation technologique, pauvreté, inégalités économiques et sociales, etc.) soient bien mieux pris en compte au sein des politiques publiques, lesquelles dès lors deviendraient plus « qualitatives ». 

 

Témoignage extrait de la Revue Echanges n°50
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